La deuxième partie de l'article du "Casus Belli 121" (page 10-14)...
De quel Meneur de Jeu êtes vous les Joueurs ?
Bon ça y est. Il est content le MJ? Il a bien rempli son questionnaire. Il a lu les réponses-avec-les-petits-conseils-qui-vont-avec? Il est rassuré maintenant qu'il croit que Casus compatit à son calvaire? Donc, logiquement, un irrépressible sentiment d'autosatisfaction s'est emparé de lui, si agréable qu'il en a lâché le magazine pour se consacrer à la seule jouissance qu'il ait jamais connue: celle de son ego. Et pendant ce temps-là, vous en avez profité pour lui tirer son magazine comme de coutume pour le lire à votre tour (ça vous aurait troué le c... d'acheter votre propre exemplaire de Casus, bande de rats). Le faux frère. Le traître. Par-devant, il vous sourit et puis, dès que vous avez le dos tourné, il écrit une lettre à Casus dans laquelle il se plaint d'être un génial meneur de jeu victime de la médiocrité congénitale de ses ingrats de joueurs. Le salaud. C'est bien une attitude de MJ ça, tiens. Sous prétexte qu'il change trois lignes dans un scénario court métrage Casus, il se prend pour James Cameron. Ah, les meneurs de jeu! Tous les mêmes. Un club de frustrés qui surcompensent à coups de vanité pseudo-artistique. C'est que le bougre se sent comme un prêcheur pendant la messe dominicale lorsqu'il vous décrit en bafouillant lamentablement le combat qui oppose votre supercommando à des assassins syrinites avec la B.O. de Mission impossible en fond sonore. Et c'est pire quand ces superstars ont l'occasion d'exprimer leur génie pen¬dant une convention de jeux de rôle. Une bonne fois pour toutes, est-ce que quelqu'un pourrait leur dire que le jeu de rôle l'est pas un art dont les MJ seraient les maîtres d'oeuvre. Oui, je sais, certains d'entre vous ont entendu parler de meneurs de jeu à l'éloquence sans pareille capables d'écrire des scénarios sur mesure à leurs joueurs... Non mais franchement! Vous avez déjà vu des meneurs de jeu talentueux vous? Moi non plus. Depuis plus de douze ans que je fais du jeu de rôle, jamais je n'ai rencontré un meneur de jeu doté d'un quelconque talent. Jamais!
Enfin. Puisque votre MJ vient de se payer votre tronche, il n'y a pas de mal à se payer un peu la sienne. Suivent donc quelques portraits, accompagnés de quelques conseils judicieux censés vous servir à dresser votre MJ préféré.
A quoi ressemble votre Patrick ?
Ce test fonctionne de la même manière que le précédent. Alors, reportez-vous-y. Je ne vais quand même pas me répéter?
Y1 : LE FAIBLE
Ce type n'a aucune autorité, aucun charisme, alors forcément on est tenté d'en profiter. C'est de sa faute après tout si vous foutez le bouze dans ses parties. Et après, il vient chialer auprès de Casus que ses joueurs sont infernaux. C'est vrai quoi! Un bon meneur de jeu doit être capable de se faire respecter. Après tout, vous vous écraseriez s'il avait une plus grande gueule que vous!
Y2 : LE TYRAN
Lui, il a un gros complexe quelque part et il surcompense méchamment. Il ne serait pas un peu petit par hasard? Non, je dis ça parce que Napoléon, Adolf... Enfin, bref. En dehors de la «diziplineu!», ce MJ aime vos persos. Ou plutôt, il aime insulter, humilier et massacrer vos persos en vous infligeant une série d'épreuves à faire passer Tomb Raider III pour une promenade de santé. Ensuite, c'est vous qu'il insulte et humilie tandis que vous créez votre sixième perso de la soirée. Et, théoriquement, c'est là que vous devriez le massacrer. Mais vous êtes trop bon. Et puis c'est illégal. Et puis vous n'avez qu'un seul MJ.
Y1 : L’ARTISTE
Résolument orienté roleplay mégalo et ambiance prise de tête à outrance, l'Artiste considère une partie de jeu de rôle comme une pièce de théâtre improvisé, moitié expérience mystique et happening sous LSD. Bien sûr, le résultat est loin de correspondre aux fantasmes du malade qui gesticule pathétiquement devant vous. On se demande d'ailleurs s'il ne vaut mieux pas qu'il en soit ainsi. Pendant ce temps, vous ramez pour saisir un scénario dilué jusqu'à l'évanescence dans ce capharnaum pseudoartistique.
Y1 : LE CONCEPTEUR
Hum! les gros mélanges gerbogènes! Dragon Ball Z + AD&D + Star Wars = mon-nou-veau-chef-d'œuvre-vous-allez-voir-les-gars-vous-allez-adorer! Ne riez pas, ça m'est arrivé. Quand ce meneur de jeu se met à jouer au petit chimiste, vous vous sentez comme un rat de laboratoire condamné par avance. La consigne est claire : surtout ne rien man¬ger avant qu'il annonce la couleur!
Y2 : LE MJ PJ
Celui-là trouve qu'être joueur tout court, c'est frustrant. Alors, quand il est MJ, il se crée le perso de ses rêves (à tout hasard, mystérieux, méprisant, balèze et indispensable à la quête des joueurs. Non je ne vise personne) et, au lieu de le jouer en tant que joueur, il intègre ce super-PNJ dans les scénarios qu'il anime, pardon, improvise, re-pardon, essaye d'improviser. La première fois, vous êtes surpris. Vous vous dites que c'est une coïncidence ou une maladresse de sa part. Après, vous comprenez et vous vous demandez comment il réagirait si, là, tout de suite, pendant que son arrogante incarnation dort, vous en profitiez pour le buter parce qu'après tout, vous avez le droit de penser qu'un personnage aussi mystérieux et puissant, et qui donne l'impression de savoir tant de choses ne peut être qu'un traître! Logique non?
Y2 : LE TIERS-MONDE DE L’IMAGINATION
Ce MJ-là n'est capable d'accoucher que de scénarios prévisibles, tirés de films que vous avez déjà vus (Van Damme, Seagal et autres scénars grossiers complètement téléphonés). Aucune surprise, dès la première scène, vous comprenez de quoi il s'agit, comment l'histoire va se dérouler et se terminer, qui sont les méchants, ce qu'ils veulent, comment les contrecarrer, et même combien il y aura de scènes d'action et quand elles auront lieu. Calibré comme un film de Van Damme, je vous dis. Ne riez pas, ça aussi m'est arrivé. Et le pire, c'est que ce n'est même pas du second degré! Manifestement, votre MJ est un matheux et il aime les équations à une seule inconnue : vous. Heureusement, vous êtes là pour mettre de l'ambiance dans l'ennui qu'il vous a concocté. Cela dit, si vous êtes un X2, soyez heureux. Ce meneur de jeu est fait pour vous.
Résultats
Vous avez entouré une majorité de Y1
Ce type est un faible, un pseudo-artiste de mes deux et un naïf. Ce qui fait trois bonnes raisons de le faire souffrir. C'était déjà votre souffre-douleur à l'école et, manifestement, il en redemande. Dès lors, ne lui laissez aucun répit! Matraquez-le jusqu'à ce qu'il supplie à genoux!
Vous avez entouré une majorité de Y2
Napoléon était corse, Gengis Khan avait les jambes arquées, Hitler était brun. Tous les trois l'ont fait payer au monde. Donc, votre Meneur de Jeu est un X3 . Autrement dit, votre MJ est un nabot excité qui surcompense son gros complexe en martyrisant les êtres purs et innocents. Pauvre de vous. Et dire qu'il a le culot de se plaindre de ses joueurs! Haut les cœurs, tes gars, serrez les coudes et tenez bon! On prie pour vous.