En quête du Kawaii

Cher lecteur, alors que je m'apprête à vous conter nos aventures : quelques mises au point s'imposent. Tout d'abord, qui suis-je ? Je me nomme Vivi Von Rosenburg, je suis née du noble lignage d'Archibald Von Rosenburg et de Tamara Willands dans le village de Solacium. Mes parents m'ont offert une éducation à la hauteur de notre rang, et très tôt j'ai étudié les arcanes de l'étiquette, de l'escrime et de la magie. Mes parents m'ont également appris à ne jamais me contenter du minimum, de toujours aller plus loin et de chercher l'excellence. C'est pourquoi j'ai entrepris cette quête au nom un tantinet racoleur.

Mais a ce propos, qu'est-ce que le Kawaii ? Le lecteur attentif que vous êtes n'aura pas manqué de remarquer qu'il s'agit d'un mot de la langue des anciens. Il désigne tout ce qui est beau, agréable à regarder, a posséder et tout ce qui éclipse le reste. Petite fille, je me satisfaisait des babioles et autres breloques que les commerçants nous proposaient pendant la saison chaude. Mais force est de constater que les plus magnifiques trésors ne se trouvent pas sur les marchés. Ils sont aux quatre coins du monde à attendre qu'on le découvre. Voilà pourquoi j'ai entrepris de prendre la route.

Je ne suis guère partie seule : Tom, un roturier de mon village et Nicodemus un taciturne voyageur rencontré en route m'ont rejoint dans ma quête. Même si je dois l'avouer, leur manque d'ambition flagrant me pousse souvent à me demander : pourquoi ont-ils rejoint la caravane ? Notre première destination était la ville d'Irfa, où j'avais entendu qu'un stock important d'objets Kawaii était en vente a un prix défiant toute concurrence. Je vis là un signe du destin : le premier jalon d'une route qui allait me mener vers ce qui existe de plus beau.

Nous traversâmes la grande plaine d'Alphombella, cimetière d'une immense bataille de l'époque, pas si lointaine où les peuples étaient encore barbares et assoiffés de sang. Alors que je priai pour mon illustre ancêtre mort au champ d'honneur, Nicodemus trouva une pomme d'or. Et s'il n'avait pas trouvé ce présage Kawaii : j'aurais bien pu croire que nous étions maudits, car la nuit suivante la pluie s'infiltra dans ma tente et je passai probablement la pire nuit de tout les temps. Mais cette nuit inconfortable n'avait en rien détérioré mes extraordinaires réflexes. Car nous rencontrâmes un sympathique chat-gobelin qui avait perdu un objet qui lui était cher. Et c'est moi qui mis la main dessus avant tout les autres ! Pour nous remercier le bougre nous offrit a chacun un parapluie qui fut fort utile. Mais une question restait en suspens : qu'est-ce qui pouvait pousser quelqu'un de saint d'esprit a prendre avec lui plus d'un parapluie ? Probablement une obscure superstition chat-gobeline.

A Irfa, nous pûmes enfin nous ravitailler : j’investis dans de magnifiques bottes de pluie Kawaii assorties à mon chapeau. Tom lui, en profita pour réapprovisionner son stock de carreaux d’arbalète. Mais sur le marché, nous fûmes témoins d'un vol à l'étalage perpétré par une bande de chat-gobelin. Cependant, avant que l'on ne puisse se lancer a leur poursuite, un idiot activa le sort d'une main géante magique. Pourtant les objets Kawaii du marchés demeurèrent intacts grâce a notre habile intervention. Il ne nous fallut pas longtemps pour repérer le « quartier général » de la mafia chat-gobeline : une bicoque attaquée par la végétation située dans les quartiers populaires. Les bougres étaient nombreux et la situation semblait inextricable mais c'était sans compter l'aura des Von Rosenburg dans nos contrées. Je pus me faire ami avec le représentant de la noblesse locale : le Chevalier des  Érables. Et grâce à sa force armée et mes talents de stratège nous vînmes a bout des intrépides larrons. Et c'est en nous offrant un copieux festin que Hassan, notre tavernier, nous remercia.